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En RDC, la justice réclame la peine de mort contre Joseph Kabila


En RDC, la justice réclame la peine de mort contre Joseph Kabila

Joseph Kabila Credit:© 2025 D.R./Le Radar

La justice congolaise met en procès Joseph Kabila, accusé de trahison et de collusion avec le M23. Un procès inédit qui reflète les ambiguïtés politiques d’une époque. Depuis le 25 juillet, l’ancien président (2001-2019) est jugé par contumace devant la Haute Cour militaire de Kinshasa. Introuvable malgré plusieurs tentatives de notification, il n’a jamais comparu. Le procès avance néanmoins, porté par les avocats de la République, déterminés à marquer une rupture avec l’impunité des élites.

Accusations explosives

Ce jeudi 21 août, lors de la quatrième audience consacrée aux plaidoiries, l’accusation a dressé un réquisitoire sévère. Joseph Kabila est accusé de crimes de guerre, trahison et usurpation d’identité.
Les avocats des parties civiles (RDC, Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri) affirment que l’ancien président aurait usurpé l’identité de Laurent-Désiré Kabila, présenté comme son « père adoptif sociologique et non juridique ». Selon eux, Joseph Kabila serait de nationalité rwandaise, ce qui le rendrait passible d’espionnage plutôt que de trahison, une qualification plus lourde qui l’assimile au chef de la rébellion du M23.

Des crimes passibles de la peine capitale

Selon plusieurs médias, Joseph Kabila est poursuivi pour son rôle présumé dans la création de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), mouvement dont la branche armée, le M23, occupe de vastes zones du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Le réquisitoire l’accuse d’avoir commandité l’homicide de 31 civils, tenté d’en tuer 21 autres, et organisé l’occupation de Goma en janvier 2025. Au Sud-Kivu, il est poursuivi pour viols, tortures et homicides par balles, ainsi que pour déportation, complot, apologie du terrorisme et participation à un mouvement insurrectionnel. Ces faits sont passibles de la peine de mort depuis la levée du moratoire sur les exécutions en 2024.

Pour le camp Kabila, ce procès est une manœuvre politique. Ferdinand Kambere, secrétaire permanent du PPRD, dénonce une opération de diversion pour masquer les échecs du gouvernement : « C’est devenu une proie facile pour le pouvoir. »

Un procès sous haute tension

La société civile s’interroge sur l’équité du procès. Jean-Claude Katende, coordonnateur de l’Asadho, met en garde : « L’absence de l’accusé risque de conduire à une justice de façade. Les juges auront-ils l’indépendance nécessaire pour acquitter Kabila si les preuves sont insuffisantes ? »
Malgré ces mises en garde, l’auditeur général des Forces armées, le lieutenant général Jean-René Likulia Bakulia, a réclamé la peine capitale contre Kabila lors de l’audience du 22 août.

Un procès qui divise la RDC

Pour certains, il s’agit d’une manœuvre politique, pour d’autres, d’une avancée historique : la fin de l’impunité des chefs d’État et l’affirmation d’une justice capable de juger les plus puissants.
Dans un pays meurtri par les violences à l’Est et engagé dans des négociations de paix fragiles avec le M23, la condamnation éventuelle de Joseph Kabila pourrait marquer un tournant, mais aussi raviver des tensions déjà profondes.

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