FGIS : des véhicules de l’État utilisés dans un réseau clandestin de location ?
Le logo de FGIS, la contravention et la carte crise du véhicule Credit:© 2025 D.R./Le Radar
Un véhicule utilitaire de marque Mazda, immatriculé JU 921 AA, et appartenant au Fond gabonais d’investissements stratégiques (FGIS) a été intercepté pour excès de vitesse. Les passagers affirment l’avoir loué pour les besoins de la campagne électorale du mois dernier. Une à affaire qui soulève de sérieuses questions sur la gouvernance des entreprises publiques au Gabon.
Nous avons été contactés par une personne se réclamant du FGIS, qui nous a informé que le véhicule aurait été cédé à un nouveau propriétaire et n’appartiendrait donc plus au FGIS. Les documents du véhicule seraient en cours de traitement.
Sauf qu’en la matière, le nouveau propriétaire aurait dû, avant de faire usage du véhicule, surtout dans un but commercial, se faire délivrer une autorisation provisoire de circuler en son nom. En attendant une communication officielle et formelle de la direction du FGIS, nous maintenons nos informations.
Un banal contrôle routier a débouché sur une révélation troublante. Entre N’djolé et Lalara, au niveau du village Benguie, un véhicule a été flashé par le radar de la sécurité routière pour excès de vitesse, c’était le 19 septembre 2025, période de campagne électorale pour les législatives et les locales 2025.
Au moment d’établir la contravention, les agents découvrent avec stupéfaction que le véhicule appartient au FGIS. Interrogés, les passagers expliquent qu’ils l’ont loué pour se rendre dans la province du Woleu-Ntem, au nord du pays. Montant de la transaction : près de deux millions de francs CFA, selon la Direction de la sécurité routière. Une déclaration qui a laissé les agents sans voix, sachant que la mission du FGIS n’a rien à voir avec la location de voitures.
Un réseau parallèle bien organisé
Nos investigations révèlent qu’un intermédiaire de nationalité sénégalaise serait au cœur d’un réseau informel de location de véhicules appartenant à l’institution.
Pour vérifier cette information, nous avons contacté l’intéressé en nous faisant passer pour des clients potentiels. Sans détour, il explique que la procédure se fait uniquement par téléphone : le client choisit un modèle, et la location est conclue, sans siège ni contrat formel.
Une institution minée par l’instabilité
Créé pour diversifier les sources de revenus de l’État en dehors du pétrole, le FGIS traverse une période d’instabilité chronique depuis quelques années. En moins de deux ans, l’institution a connu trois directeurs généraux. Le cas le plus marquant de cette instabilité est celui de Persis Lionel Essono Ondo, limogé à peine un mois après sa nomination, le 22 janvier, à la suite d’un scandale lié à son CV.
Cette situation semble avoir ouvert la voie à des dérives internes. Certains soupçonnent que le Sénégalais Ousmane Cissé, ancien directeur de la conformité, de l’audit et du risque, pourrait avoir laissé derrière lui des réseaux dormants au sein de l’institution.
Des zones d’ombre à éclaircir
L’existence présumée d’une agence de location de véhicules informelle soulève des interrogations sur la gouvernance, le contrôle interne et l’intégrité de cette structure stratégique de l’État. Et si cette affaire n’était que la partie émergée de l’iceberg ?

