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Gabon : l’influenceur Marwane Nazih au cœur d’un scandale de chantage et de cyber-répression


Gabon : l’influenceur Marwane Nazih au cœur d’un scandale de chantage et de cyber-répression

L’influenceur Marwane Nazih Credit:© 2025 D.R./Le Radar

Accusé d’avoir servi les intérêts du pouvoir gabonais dans l’ombre, Marwane Nazih menace aujourd’hui de tout révéler. Il réclame six milliards de francs CFA pour garder le silence.

Marwane Nazih, 25 ans, d’origine libanaise mais né au Gabon, n’était jusqu’ici qu’un nom parmi d’autres dans l’univers bruyant des réseaux sociaux. Mais derrière ses vidéos TikTok et ses publications Facebook se cacherait un rôle bien plus stratégique : celui d’agent numérique officieux du régime gabonais.
Selon une enquête d’AfricaScop Media, l’influenceur aurait perçu jusqu’à 4 millions de francs CFA par mois pour orchestrer des campagnes de dénigrement contre des opposants, des activistes et des journalistes critiques du pouvoir. Au programme : harcèlement en ligne, insultes ciblées, calomnies et manipulation algorithmique.

Du bras armé du régime… à maître-chanteur

Mais les relations entre Nazih et ses commanditaires auraient tourné au vinaigre. Aujourd’hui, l’influenceur menace de divulguer des documents compromettants : enregistrements audio, vidéos, et échanges internes prouvant l’existence d’une véritable machine de propagande numérique, dirigée depuis les cercles proches du pouvoir. Pour garder le silence, il exige six milliards de francs CFA, soit près de 9 millions d’euros.
Selon des sources concordantes, les révélations viseraient directement le Président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema, et plusieurs figures influentes du régime.

Une cyber-répression bien rodée

D’après nos confrères d’AfricaScop Media, Marwane Nazih n’aurait pas agi seul. Le nom de Naurs Hafez, alias Orabi Box, circule également. Ce dernier aurait été recruté pour mener des opérations numériques plus techniques : usurpation d’identité, suppression de contenus sensibles, blocage de comptes Facebook et TikTok, et manipulation algorithmique pour étouffer les voix dissidentes.

Ces pratiques révèlent semble t-il l’existence d’une cyber-répression systémique, intégrée à la stratégie de communication de l’État, et en contradiction flagrante avec les promesses de rupture faites après la chute d’Ali Bongo en 2023.

Vers une extradition ?

Selon plusieurs sources diplomatiques, un accord aurait été trouvé entre le Liban et le Gabon pour extrader Marwane Nazih. Reste à savoir si ce dernier sera jugé, protégé… ou muselé. Car au-delà de sa personne, c’est l’appareil de communication politique du régime qui se retrouve sur la sellette.

Le numérique, nouveau champ de bataille politique

Cette affaire jette une lumière crue sur les méthodes autoritaires modernisées du pouvoir gabonais. À l’ère du numérique, la répression ne passe plus uniquement par la censure ou l’intimidation physique, mais par des campagnes en ligne orchestrées dans l’ombre.
Alors que les autorités promettent transparence et démocratie, la réalité virtuelle semble reproduire les travers d’un passé bien réel selon de nombreux observateurs.

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