Une banderole du SYNATA lors du mouvement d’humeur au siège de l’AGASA Credit:© 2025 D.R./Le Radar
Le climat social est de plus en plus tendu au sein de l’Agence Gabonaise de Sécurité Alimentaire (AGASA). En cause : une grève des agents membres du Syndicat national des Travailleurs de l’AGASA (SYNATA), entamée le 1er octobre 2025. Ce mouvement fait suite à un premier préavis lancé en juillet dernier, qui avait déjà retenu l’attention des plus hautes autorités en raison du caractère jugé légitime des revendications syndicales.
« La situation s’est empirée avec la publication de notes internes perçues comme des actes d’intimidation. L’une prévoit la suspension des salaires des grévistes malgré l’instauration d’un service minimum, et une autre met fin au détachement de trois agents grévistes, en violation, une fois encore, des dispositions du Code du travail et du règlement intérieur de l’AGASA » , a expliqué le syndicat, joint au téléphone par notre rédaction ce mardi 14 octobre 2025 à Libreville.
À l’issue du préavis de grève, un protocole d’accord avait été signé le 28 juillet entre la Direction générale et le syndicat. Cette négociation avait débouché sur un procès-verbal final du comité paritaire, le 5 septembre, avec des recommandations claires à exécuter. Mais selon le SYNATA, ces engagements n’ont toujours pas été respectés.
Des recommandations ignorées
Les travailleurs exigent l’application stricte des textes légaux et réglementaires régissant l’AGASA. Parmi leurs principales revendications :
La suspension des décisions de création d’organes internes non prévus par le décret n°0190/PR/MAEPSA du 21 mai 2014 ;
L’annulation des affectations jugées arbitraires ;
L’application des dispositions des ACE en associant les services RH aux nominations ;
La fin de l’utilisation des ressources financières à des fins non budgétisées.
Face à ces demandes, la Direction générale a adopté une position jugée rigide, refusant de revenir sur ses décisions. Une attitude que le syndicat dénonce, s’interrogeant sur le réel pouvoir du Directeur général face aux plus hautes autorités et aux textes en vigueur.
Tensions et communication médiatique
Le SYNATA pointe également du doigt la création « illégale » d’une délégation provinciale à quelques mètres du siège social , un symbole, selon lui, du mépris affiché par la Direction. En parallèle, il accuse le Directeur général de multiplier les interventions médiatiques pour redorer son image tout en cherchant à discréditer le mouvement de grève.
Le climat social s’est donc encore crispé avec la publication de nouvelles notes internes perçues comme des tentatives d’intimidation, notamment sur la question des salaires et du détachement de certains agents.
Un appel aux autorités
En réponse, le SYNATA a organisé un point de presse le 10 octobre, au cours duquel il a présenté des documents administratifs contredisant les déclarations de la Direction générale.
« Nous userons de tous les moyens légaux à notre disposition. Notre mouvement peut être durci » , a averti le syndicat.
Le SYNATA appelle désormais les autorités compétentes à intervenir rapidement pour éviter une paralysie prolongée de l’Agence. Depuis 2022, il affirme avoir toujours privilégié le dialogue et une approche républicaine, malgré des « pratiques ubuesques » observées au sommet de l’institution.
Un syndicat largement représentatif
Créé en 2022, le SYNATA défend les droits et intérêts des agents de l’AGASA. Lors des dernières élections des délégués du personnel, il avait obtenu 92 % des voix, remportant ainsi les six sièges disponibles.
À l’époque déjà, le syndicat dénonçait de graves dysfonctionnements, notamment l’absence de bulletins de paie. Trois ans plus tard, ces problèmes persistent, et selon le SYNATA, se sont même aggravés.

