Quelques membres du collectif des pêcheurs. Credit:© 2025 D.R./Le Radar
Les dix coopératives bénéficiaires du projet Gab Pêche, réunies en collectif, ont fait une déclaration ce mardi 7 octobre 2025 à Libreville, afin de rétablir la vérité sur ce programme qui suscite de nombreuses réactions au sein de l’opinion.
Cette sortie médiatique fait suite, selon les membres du collectif, à des déclarations mensongères portant atteinte à la crédibilité du projet.
Le point de presse a permis de revenir sur l’importance du projet Gab Pêche et sur son impact pour la pêche artisanale gabonaise.
Lancé officiellement le 11 août dernier par la ministre de la Pêche, Laurence Ndong, représentant le chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, ce projet visait à redynamiser le secteur de la pêche artisanale et à favoriser l’insertion des Gabonais longtemps marginalisés dans ce domaine.
Le lancement de Gab Pêche est intervenu à la fin des 100 premiers jours du magistère du chef de l’État, marquant une volonté de concrétiser un engagement fort en faveur des jeunes pêcheurs.
Cependant, l’enthousiasme initial a été freiné par ce que le collectif qualifie d’« état de léthargie » observé au niveau de la direction générale du projet.
« Dès le lancement officiel, nous avons constaté un manque d’écoute et de concertation de la part de l’ADG Hermann Omanda » , a déploré Édou Ndong Marcel, président des coopératives des pêcheurs de Bambouchine.
Parmi les dysfonctionnements dénoncés, les pêcheurs évoquent entre autres :
• une gouvernance peu inclusive des coopératives,
• l’absence de concertation dans la prise de décision,
• la multiplication d’interlocuteurs au rôle flou,
• des rackets financiers injustifiés.
Malgré plusieurs alertes adressées à l’ADG, aucune mesure corrective n’a été prise. Pire encore, le collectif dénonce des cas de trafic d’influence impliquant un conseiller du président de la République.
Les pêcheurs réclamaient également le paiement des frais de sortie en mer et l’acquisition d’accessoires manquants pour leurs pirogues, estimés à 2 750 000 F CFA, dont 1 500 000 F CFA pour la mise en route et 1 250 000 F CFA pour les accessoires.
Face à ces pratiques, les coopératives ont saisi le ministère de tutelle par lettre datée du 1er septembre 2025, demandant de nouveaux interlocuteurs.
En réponse, la tutelle a décidé de suspendre à titre conservatoire l’Assistant de Gestion administrateur de Groupe ( ADG) Hermann Omanda, afin de préserver ce projet social largement salué par les acteurs du secteur.
La dernière sortie en mer des pêcheurs, organisée du 5 au 9 septembre 2025, s’est déroulée à la satisfaction générale.
Le collectif accuse par ailleurs l’ex-ADG Hermann Omanda de détournement de fonds et se réserve le droit d’engager des poursuites judiciaires.
Aujourd’hui, le projet Gab Pêche se poursuit, et les dysfonctionnements sont progressivement corrigés sous la direction de l’ADG intérimaire, au grand soulagement des pêcheurs.
Rappelons que Gab Pêche est une initiative du gouvernement gabonais visant à moderniser la pêche artisanale, réduire la domination étrangère et renforcer la souveraineté nationale sur les ressources halieutiques.
Du côté de la société nationale de développement de l’économie bleue (Gab Pêche), l’on affirme qu’aucun pêcheur ne fait partie du collectif des coopératives en question. Par ailleurs, une plainte sera déposée contre M. Bugumbe Kumbe Yents, président de la coopérative Équatorial du CAPAL, pour abus de confiance, souscription fiscale frauduleuse, trafic maritime, pêche illicite et sabotage, à la suite d’un conseil d’administration et radiation du GIE-PÊCHE.