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Création de l’UDB : un tournant démocratique ou un retour au parti unique ?


Création de l’UDB : un tournant démocratique ou un retour au parti unique ?

Brice Clotaire Oligui Nguema Credit:© 2025 D.R./Le Radar

Le Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a officialisé la création de son parti politique l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB) le 5 juillet, Une annonce qui intervient dans un contexte où le débat sur l’article 82, alinéa 3, du Code électoral, interdisant à tout élu indépendant d’adhérer à un parti pendant son mandat, a été définitivement tranché par la Cour constitutionnelle.

Le Verdict de la cour constitutionnelle

Considérant- qu’il s’infère de ce qui précède que le législateur n’a pas entendu interdire la création d’un parti politique à un élu indépendant que s’il avait expressément consacré que ne l’ayant pas fait , il convient de considérer que l’interdiction opposable aux élus indépendants prévus à l’alinéa 3 de l’article 82 du code électoral porte exclusivement sur leur adhésion aux partis politiques déjà créés et légalement reconnus qu’ils suit de là que le Président de la République élu en qualité d’indépendant est fondé à créés un parti politique sans risque pour un de prendre son mandat.

Article 4 : les dispositions de l’alinéa 3 de l’article 82 de la loi organique n°001/2025 du 19 janvier 2025 portant code électoral en République Gabonaise n’interdisent pas au Président de la République élu en qualité d’indépendant de créer un parti politique.

En dépit de cette clarification, la création de l’UDB continue de susciter des réactions. Pour certains, cet acte n’est pas sans conséquences sur le paysage démocratique du pays.

« L’acte de création d’un parti induit nécessairement l’adhésion, ce que confirme le droit positif gabonais. Tout élu indépendant qui initie un parti en cours de mandat s’expose à l’annulation de son élection », rappellent certains juristes et certains acteurs politiques

Pour le leader politique Jean Valentin Leyama, cette initiative n’incarne pas une avancée démocratique. Selon lui, la création de l’UDB par le chef de l’État risque d’étouffer la pluralité politique 

« Pendant qu’il crée son parti politique, il durcit les conditions de création des nouveaux partis et de fonctionnement des partis existants. Résultat : il ne restera dans le paysage politique que deux partis dominants, le RDB et le PDG ainsi que ceux que le Pouvoir voudra encourager ou tolérer. Exit les partis historiques qui ont contribué à l’avènement de la démocratie. Assurément, peu de place est réservée à l’Opposition. »

Un débat institutionnel désormais clos.
Ce pendant, la mise en place du bureau de l’UDB et le lancement de sa campagne d’adhésion alimentent les inquiétudes d’une partie de l’opinion.

Le président du parti REAGIR, Michel Ongoundou Loundah, n’a pas caché ses réserves face à cette situation :

« La démocratie gabonaise ne peut pas se renforcer lorsqu’on voit un parti politique qui a tout l’air d’un parti unique déguisé. Les postes de vice-président sont occupés par des membres du gouvernement. »
Avant de conclure, dans un parallèle historique :
« Cela me rappelle 1968, lorsque le PDG a été créé. Nous y sommes presque : c’est une démocratie de façade à laquelle nous assistons. »

L’UDB, désormais sur les rails, s’affiche comme le nouveau parti au pouvoir. Mais la question demeure : s’agit-il d’un élargissement de l’offre politique ou d’un retour masqué à un système à parti unique ? Un débat qui, même clos juridiquement, pourrait rester ouvert dans l’opinion publique.