Alcool, tabac, violence scolaire : l’ONG Agir pour le Gabon tire la sonnette d’alarme
les participants à la journée nationale sans alcool et sans tabac Credit:© 2025 D.R./Le Radar
Ce jeudi 6 novembre 2025 marque la célébration de la Journée nationale sans alcool et sans tabac, une occasion saisie par l’ONG Agir pour le Gabon pour sensibiliser et informer la population, notamment les jeunes, sur les dangers du tabagisme et de l’alcoolisme. L’organisation en a également profité pour interpeller les pouvoirs publics sur cette problématique de santé publique qui ne cesse de prendre de l’ampleur.
À cette occasion, le Dr Alphonse Louma, président de l’ONG, et Michel Ongoundou Loundah, vice-président, ont animé une conférence de presse à la clinique du Dr Louma, à Mindoubé, dans le cadre de la 27ᵉ édition de cette journée nationale.
Vingt-sept ans de lutte, entre espoir et indifférence
« Vingt-sept ans ! Ce n’est qu’un chiffre, certes, mais un marqueur important dans la lutte contre l’alcoolisme et le tabagisme au Gabon » , a rappelé le Dr Alphonse Louma .
Depuis 1998, Agir pour le Gabon se bat sans relâche pour éveiller les consciences face aux ravages causés par ces fléaux. Pourtant, cette journée reste souvent célébrée dans une indifférence quasi générale, aussi bien des pouvoirs publics que d’une partie de la population.
« Et pourtant, en 27 ans, que de vies brisées, consumées par le tabac et noyées dans l’alcool ! » , a-t-il déploré.
Un thème fort : “Sans alcool, sans tabac, mais surtout halte à la violence en milieu scolaire”
Le thème retenu cette année appelle à une prise de conscience collective sur les conséquences sociales et sanitaires de ces addictions.
Pour les responsables de l’ONG, l’objectif n’est pas de culpabiliser les consommateurs, mais d’appeler à la responsabilité de chacun, et surtout celle de l’État, face à un problème de développement qui alimente la pauvreté, désorganise les familles, fragilise le système de santé et favorise les violences, notamment en milieu scolaire.
Des chiffres alarmants
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le tabac tue plus de 7 millions de personnes chaque année, soit davantage que le sida, la tuberculose et le paludisme réunis.
Le tabagisme passif serait responsable de 1,6 million de décès, dont 31 % d’enfants.
Et tandis que la consommation diminue dans les pays développés, elle explose dans les pays en développement, particulièrement chez les jeunes : près de 20 % des adolescents de 13 à 15 ans fument dans le milieu scolaire africain.
Concernant l’alcool, bien que les données soient moins précises, le phénomène demeure tout aussi préoccupant. Les jeunes Gabonais boivent de plus en plus tôt, souvent de manière excessive, influencés par des campagnes publicitaires agressives menées par les industriels du secteur.
Des propositions concrètes
Face à cette situation, le Dr Louma Eyougha a invité les consommateurs de tabac et d’alcool à un acte symbolique : s’abstenir pendant 24 heures pour les fumeurs et tout le week-end pour les buveurs.
Il a également formulé plusieurs propositions pour renforcer la lutte :
• Interdire les débits de boissons à proximité des établissements scolaires.
À ce sujet, le vice-président Michel Ongoundou Loundah a martelé :
« Pour ce qui est des débits de boissons à proximité des établissements scolaires, nous demandons leur déguerpissement pur et simple. »
Il a rappelé qu’une directive datant de 2019, signée par Anicet Mboumbou Miyakou, alors ministre de l’Intérieur et de la Justice, ordonnait déjà ce déguerpissement. « Six ans plus tard, le phénomène s’est plutôt amplifié » , a-t-il regretté.
• Augmenter le prix des boissons alcoolisées ;
• Imposer la mention claire et visible sur les publicités : “L’abus d’alcool est dangereux. À consommer avec modération.”
Une reconnaissance attendue
De son côté, Michel Ongoundou Loundah a regretté que, malgré près de 30 ans d’existence, Agir pour le Gabon ne soit toujours pas reconnue d’utilité publique, ce qui limite ses moyens d’action et son accompagnement institutionnel.
Il a lancé un appel pressant aux pouvoirs publics pour une reconnaissance officielle de l’organisation, engagée depuis trois décennies dans la prévention et la sensibilisation contre les addictions.
Soutien aux actions gouvernementales
Enfin, l’ONG a salué l’initiative des autorités dans le cadre de l’opération nationale de lutte contre la drogue, qui a récemment permis l’arrestation de plusieurs trafiquants.
Une action jugée « encourageante » par Agir pour le Gabon, qui y voit un signal fort pour la protection de la jeunesse face aux fléaux liés aux substances addictives.

