Gabon : Francis Hubert Aubame (PSE) dénonce « un processus électoral biaisé et sous contrôle du pouvoir »

Francis Hubert Aubame, Président du PSE Credit:© 2025 D.R./Le Radar
À quelques semaines des élections législatives et locales du 27 septembre 2025, le président du Parti Souverainistes-Écologistes (PSE), Francis Hubert Aubame, tire la sonnette d’alarme. Dans un entretien accordé à notre rédaction le 27 août dernier, il fustige un processus électoral qu’il juge “biaisé, précipité et instrumentalisé au profit du parti présidentiel”.
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« Il faut que tout change pour que rien ne change »
Pour Francis Hubert Aubame, le processus électoral en cours n’offre aucune garantie de transparence. La création de la Commission nationale d’organisation et de coordination des élections et du référendum (CNOCER), présidée par le Ministre de l’Intérieur, est à ses yeux une illustration du manque d’indépendance des organes électoraux.
« La CNOCER n’est pas perçue comme un arbitre neutre. Le pouvoir a mis sous tutelle les administrations électorales au lieu de corriger leurs faiblesses. On nous parle de rationalisation, mais c’est une illusion« dénonce-t-il. Avant d’ironiser sur l’immobilisme de nos institutions : » il faut que tout change pour que rien ne change ".
Le calendrier électoral, jugé « précipité et incohérent » , a par ailleurs fortement désavantagé l’opposition. La loi sur les partis politiques n’a été promulguée que quinze jours avant l’ouverture du processus. Dans le même temps, l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), parti du Chef de l’État, a curieusement obtenu en un temps record son récépissé définitif et des moyens financiers « impressionnants » dont l’origine interroge.
Inscriptions électorales « instrumentalisées »
Le leader du PSE s’indigne également de la réouverture exceptionnelle des inscriptions sur les listes électorales, prévue du 1er au 9 septembre, après validation des candidatures :
« C’est manifestement une variable d’ajustement pour permettre à certains candidats proches du pouvoir de gonfler artificiellement leur base électorale, parfois en finançant directement l’inscription d’électeurs » accuse-t-il.
Il pointe aussi les dysfonctionnements de la CNOCER et de ses commissions locales : dossiers de candidatures égarés, transparence limitée sur les listes, et « utilisation massive des biens et moyens de l’État au profit de la campagne du parti présidentiel ».
Oligui Nguema accusé d’inaction
Interrogé sur la réaction du Chef de l’État face aux irrégularités, Francis Hubert Aubame estime qu’elle est « timorée et révélatrice de la nature de son pouvoir.
Il est le Chef de l’État (article 41al1, le Chef du Gouvernement (article 69 al1), le Président du Conseil Supérieur de la Magistrature, le Chef des Administrations et des militaires (article 55 al1), Chef Suprême des forces de défenses et de sécurité (article 56 al1), il est président du Conseil Supérieur de la Magistrature (article 128 al2)… Avec tous ces pouvoirs là, avec ces énormes capacités d’action, je me demande à qui s’adresse le chef du Gouvernement, lorsqu’il réagit comme un simple observateur. À qui parle-t-il, sinon à lui-même ? Cette attitude privilégie le contrôle au détriment de la transparence »
Selon le leader du PSE, loin d’incarner une rupture avec les pratiques de l’ancien régime, le Chef de l’État reproduit des schémas « qui discréditent d’avance toute contestation du résultat final ».
« Les Gabonais doivent dire non dans les urnes »
Face à cette situation, Francis Hubert Aubame appelle ses militants et l’ensemble des électeurs à exercer une
« pression civique pacifique » en se rendant massivement aux urnes le 27 septembre.
« Notre objectif n’est pas le chaos, mais une véritable démocratie où la voix de chaque citoyen est respectée. Les Gabonais connaissent les acteurs politiques responsables de leur misère. Ils doivent avoir le courage de leur dire non dans les urnes » , insiste-t-il.
Il assure enfin que le PSE, en concertation avec d’autres forces de l’opposition, poursuivra la lutte « par tous les moyens démocratiques et pacifiques » pour la souveraineté populaire et la justice écologique.